Je n’aurais jamais dû noyer mon chagrin dans une énième relecture d’Orgueil et Préjugés et dans l’alcool, car aujourd’hui, me voilà propulsée à l’époque de la Régence anglaise dans le corps d’une autre femme ! Même si la mode Empire et les mœurs ne cessent de me surprendre, je m’aperçois que cette vie offre, malgré tout, son lot de charmes. Surtout lorsque je rencontre l’élégant et séduisant Charles Edgeworth. Mais est-il un Darcy ou un Wickham ? S’il se révèle être un Darcy, je pourrais bien ne plus jamais éprouver l’envie de rentrer chez moi, après tout…
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Les histoires de réincarnations/incarnations dans le corps d’une autre… j’en ai trop vu passer, surtout dans les webtoon coréens, et j’avoue en être lassée… Mais là, il y a le nom de Jane Austen dans le titre ! Sans compter que ce roman a été écrit avant cette vague d’histoires toutes semblables. Alors c’est avec un petit plaisir coupable que je me suis plongée dans cette lecture, trop heureuse de me retrouver au temps de la régence anglaise. Puis… j’ai vite déchanté… Au final, je crois que je préfère les webtoon coréens…
Pas de prologue, pas d’introduction, l’histoire commence directement par le réveil de Courtney dans le corps de Jane. Dès les premiers chapitres, j’ai trouvé l’héroïne insupportable… Mais j’ai laissé couler, me disant que cela ne durerait pas, qu’elle évoluerait avec le récit. Quelle erreur ! Au final, j’ai trouvé l’histoire de « Confessions d’une fan de Jane Austen » totalement indigeste, levant les yeux au ciel à plusieurs reprises et lâchant le livre tout autant de fois, si ce n’est plus, principalement à cause du comportement de Courtney, alias Jane. Je pensais, bêtement, qu’un roman basé sur les écrits de Jane Austen serait une romance… Mais non ! Alors, il y a bien quelques petits passages de ce type, mais la majorité du roman ne se concentre que sur Courtney et son comportement totalement égoïste et puérile dans les lieux qu’elle découvre.
- Courtney aux bains thermaux a peur des microbes.
- Courtney dans le labyrinthe se fout des convenances (parce qu’elle est trooooop rebelle et féministe, youhou !)
- Courtney chez la cousine de son amie manque de se faire vi*ler (mais ça va, parce qu’elle est quand même contente d’enfin « chopper » un homme.)
- Courtney dans la peau de Jane insulte tout le monde et se fout royalement des « prolos » parce que son hygiène corporelle est plus importante que tout le reste.
- Courtney à l’église ne supporte pas de ne pas être maquillée.
Bref… insupportable… J’ai enchaîné moments gênants sur moments gênants, la palme revenant à la fameuse rencontre avec Jane Austen elle-même. Rencontre qui est, d’ailleurs, un argument marketing écrit au dos du livre !
Pour résumer ce passage des plus pénible : L’héroïne croise Jane Austen faisant ses emplettes à Londres. Elle lui court après pour l’interpeller dans la rue – Ça commence bien – pour ensuite lui dire combien elle aime ses romans – gentil… Mais à cette époque, Jane Austen souhaitait rester anonyme et Courtney le sait parfaitement. – Quand l’auteur classique l’envoie gentiment bouler, parce que, bon, elles ne se connaissent pas, tout de même. Courtney insiste en lui parlant des adaptations filmographique de ses romans et insistant LOURDEMENT sur le fait que les acteurs des héros soient beaux à tomber par terre et que, quand même, un petit baiser pour conclure les romans, cela n’aurait pas été de trop – Le culot de la femme incapable de gérer sa propre vie, aussi bien dans le futur que dans la peau de Jane Mansfield – Jane Austen n’y comprend rien et s’enfuit, littéralement. Elle accélère sa marche pour semer Courtney. Mais cette dernière l’a rattrape ! – Pas du tout terrifiant pour cette pauvre mademoiselle Austen – Elle s’excuse, tout en lui prophétisant à quel point elle sera une grande auteur adulée par beaucoup, dans le futur. Finalement, la pauvre Jane Austen réussit à s’enfuir et l’héroïne de notre histoire y repense en souriant, se qualifiant elle-même, fièrement, de harceleuse et pensant, je cite « je l’ai très certainement laissée avec l’envie de demander une injonction d’éloignement à mon encontre, ou du moins l’équivalent au XIXe siècle. »
Pour ajouter à ce malaise perpétuel, Courtney ne s’implique JAMAIS dans cette histoire, répétant sans cesse qu’elle retournera chez elle. Elle ne prend conscience des conséquences de ses actes que lors du 34ème chapitre… sur 36 ! Se disant que, même si elle finit par revenir au XXIe siècle, la vraie Jane serait bien embêtée si jamais elle se faisait surprendre en train de se faire plaisir avec un monsieur sur des coussins moelleux. Ah bah oui ! Tout ça pour une conclusion des plus bâclée, rendant tout le roman totalement inutile.
Le manque d’implication de l’héroïne elle-même fait que je ne me suis absolument pas sentie concernée non plus. Je n’avais pas envie d’être là, tout comme Courtney. Et les divers événements du roman m’ont juste donné envie de frapper l’héroïne.
J’avais hâte d’en finir…
Il est difficile de parler des personnages secondaires, tant ils sont insipides. Ils ne sont là que pour remplir une fonction, rien de plus. Mary, l’ami de Jane Mansfield, a un peu plus d’importance, mais sa façon de changer d’avis comme de chapeaux et de se mêler de la vie de l’héroïne en lui imposant son point de vue m’a été très vite insupportable.
« Non, ne tombez pas amoureuse de mon frère, il m’a fait trop de mal et il y a trop de rumeurs sur lui ! » Et quelques chapitres plus tard : « En fait, ça va, il est gentil, c’est le meilleur frère du monde et je suis certaine que les rumeurs sont fausses ! » Mais oui, bien sûr, tout ceci me semble parfaitement objectif et tient sur de solides arguments…
Venons-en donc à Courtney, alias Jane. C’est simple, elle est égoïste, égocentrique, matérialiste et superficielle. Rien que ça. Elle n’évolue absolument pas, tout le long du roman et sa prise de conscience à la toute fin ne change pas grand-chose à son comportement. Elle prône la liberté de la femme, l’égalité des sexes, mais se complaît dans son rôle de pauvre femme fragile victime des méchants hommes infidèles et critiques sans aucune gêne – et parfois pendant des pages entières – les femmes, que ce soit du XIXe siècle ou ses contemporaines. J’ai notamment en tête un long passage expliquant à quel point les femmes actuelles ne comprennent rien aux règles. Que si elles durent longtemps et font si mal, c’est de NOTRE faute parce que nous ne laissons pas faire la nature… j’en suis venu à douter que l’auteur de ce roman soit une femme !
Pour conclure le magnifique portrait de cette femme – pour qui sortir avec du maquillage est un problème bien plus important que d’avoir fait un retour en arrière dans le temps – j’ajouterai sa manie de fantasmer sur tous les hommes qu’elle rencontre. C’est simple, jusqu’à la toute fin du roman, elle pense à tous les protagonistes masculins du roman, important ou secondaire, à tour de rôle, ou en même temps ! (Fort heureusement, le père de Jane est exclu de cette liste.) Embrassant l’un en pensant à l’autre. Flirtant ouvertement avec Edgeworth pour ensuite fantasmer sur Wes. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement, cela m’insupporte. Qu’elle soit perdue au départ, pas de soucis, c’est normal. Mais que cela dure tout le roman ? Non.
À un moment, je pense qu’il est important de faire évoluer son personnage, de la faire grandir, de faire en sorte qu’elle ne se comporte pas comme une gamine pourrie gâtée en chaleur… ce qui n’est clairement pas le cas ici.
Même Lydia Bennet semble plus mature, à côté de Courtney
Vous l’aurez compris, je n’ai pas du tout aimé ce roman. Je ne sais pas si je lirais un jour la suite… j’espère, sans doute vainement, que Jane soit plus mature que Courtney… Dans tous les cas, ce ne sera pas pour tout de suite. « Confessions d’une fan de Jane Austen » a été, pour moi, un supplice. Ce roman est la preuve vivante que mettre le nom d’une illustre écrivaine dans le titre, n’est pas gage de qualité.
Bien au contraire !
Gifs = Orgueil et préjugés – 1995 ; Becoming Jane ; Orgueil et préjugés – 2005 ; Raisons et sentiments – 2009
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